Un chocolat « Dubaï » ? On marche sur la tête !

Les chocolats suisse, belge et français ont beau être les meilleurs du monde, ils se font enfoncer par une invention dubaïote qui provoque une frénésie mondiale. Sa créatrice, une Anglo-égyptienne, avait juste une petite envie de sucré pendant sa grossesse. Et ça n'était pas du baklava

Non, vous ne rêvez pas : le dernier hit sur Tiktok, et surtout sur les Tiktok suisses, c’est une tablette de chocolat… dubaïote ! Pas un lingot d’or déguisé en tablette Nestlé, non, une vraie plaque de chocolat au lait fourré de crème à la pistache et de kadaïf, c’est-à-dire les cheveux d’ange des pâtisseries orientales. A regarder la vidéo de l’influençeuse Maria Vehera (99 millions de vues ! 5 millions de like) ça donne envie : une jolie blonde mord à belles dents dans une grosse épaisseur de croustillant-moelleux couleur chocolat-café, farci vert gazon, avec des débordements de cheveux d’ange généreusement caramélisés. Elle dévore, elle ne s’en rassasie pas.

La gourmande tiktokeuse brésilienne Maria Vehera

….et le détail de son “Dubaï Chocolate”

Une fringale de femme enceinte devient un copieux business

Et voilà la petite famille de Sarah Hamouda en 2021, - pas encore agrandie d’un 2eme enfant

Mais qui a inventé cette tuerie ? Un chef chocolatier suisse égaré à Dubaï ? Un étoilé de l’émirat, Gagnaire, Alleno, Ducasse, un Japonais, Armani ?  Non ! C’est une Anglo-égyptienne installée à Dubai, Sarah Hamouda, 38 ans, en proie à des fringales de grossesse en 2021. Son bébé a bientôt 3 ans, et depuis, la maman a bien affiné sa technique pâtissière. Sa modeste fringale de femme enceinte est devenue un gros business. Les Dubaïotes sont fous de son chocolat fourré. Vendues entre 20 et 30 dollars, les tablettes coûtent cinq à six fois plus cher que nos tablettes de grand maître chocolatier à Paris.

D’ailleurs, son invention, vous ne la trouverez pas à Paris. Ni en province, ni en Suisse, nulle part sauf à Dubaï. Sarah n’a que deux mains ! Et son chocolat est « entièrement fait main », « hand-made !», insiste-t-elle. Pas automatisé comme chez Nestlé. Elle travaille avec son mari, entourés d’une équipe d’une dizaine de personnes.

Se défoncer au knafeh-chocolat

Un peu écoeurant, non ?

Les tablettes FIX et leurs infinies déclinaisons, cheesecake, céréales..

Son succès est tel que maintenant, elle élargit ses fourrages : une tablette est un cocktail brownie et corn-flakes, une autre marie knafeh croustillant (les cheveux d’ange des pâtisseries orientales) et bretzel au caramel beurre salé, une tablette au chocolat blanc renferme une garniture au spéculoos... Les noms marrants viennent de son poète de mari : « Mind your own Buiscoff », ou « Cereously Chewsy ». Dans son atelier que l’on espère bien climatisé vu la température à Dubaï, elle assure n’utiliser que des ingrédients écolos, y compris la peinture alimentaire qui sigle ses tablettes. Une artiste !

Son petit business s’appelle « Fix Dessert Chocolatier » mélange d’anglais ironique - « se fixer » fait allusion à se faire un shoot pour les drogués -, et « Chocolatier » rivalise avec nos « maîtres chocolatiers ».  

On peut se rabattre sur des copies

Une copie… pas très crédible

Comme la demande à l’export est phénoménale (500 commandes par jour !), les clients dubaiotes crient à la pénurie, et d’ailleurs, plein de marques se sont mises à copier ses recettes. A Paris, de l’Intermarché à Lidl aux pâtissiers Lindt, à 10 euros la plaque, on peut goûter une version de son « fix ». Plus fort : en Afrique du Sud il semble qu’un marché noir a vu le jour à des prix stratosphériques !

Sarah s’en est offusquée. Donc sur son Instagram, elle précise que « non, la copie, ça n’est pas comme l’original » !

Dubaï, les soldes ? Mais non, le chocolat !

Il paraît que Deliveroo livre depuis là-bas. On peut aussi se rendre sur place. Autrefois, - en des temps préhistoriques, pardon ! - on allait à Dubaï en janvier pour les soldes. Aujourd’hui, on n’oserait même plus en rire. En revanche, aller chez les cheiks arabes pour goûter à la tablette exclusive, eh bien, ça devient du dernier chic inclusif.    

Catherine Schwaab

DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Par Catherine Schwaab

JOURNALISTE MULTI CARTE Paris Match

Fashion Mode d’emploi (Flammarion)

Sciences Po - HEI Genève

Théâtre. Expos. Sorties. Restos. Toutes les tendances.

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