DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Sorties parisiennes, bons plans parisiens et autres, chroniques et réflexions sur la vie, la mort, les djeuns et la coiffure !

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Par Catherine Schwaab
29 déc. · 2 mn à lire
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L’Asie anti-érotique

On est bien loin des « Nuits de Chine ». Pour tenter d’encourager leurs citoyens à faire des enfants, la Chine, les deux Corée et le Japon appliquent de drôles de méthodes.

Pour lutter contre la dé-natalité en Asie, chacun sa politique : les Chinois lancent des speed-dating géants qui ont eu l’air de faire frémir le nombre de mariages; la Corée du Sud dont le taux de natalité est le plus bas au monde (O,72 enfant par femme) va créer un ministère pour la natalité, augmenter les allocations, subventionner les traitements anti-stérilité… mais ne s’interroge pas sur la mentalité machiste qui impose aux mères une double journée de travail. La dictature nord-coréenne, on vient de l’apprendre, envoie les divorcés en camp de travail où « on les rééduque à la bonne entente ».  Le Japon, lui, encourage les relations sexuelles avec des kits de massage et des pilules censées masquer les odeurs corporelles ! Dis- moi comment tu envisages les relations amoureuses, je te dirai qui tu es…

Japonais : un kit pour chasser “ces odeurs” !

Le film de Nagisa Oshima

Le film de Shohei Imamura

Prenons le Japon ; ce pays dont les Français admirent la sophistication, la culture, les films érotiques - le légendaire « Empire des sens » en 1976, mais aussi « De l’eau tiède sous un pont rouge » sur une femme-fontaine en 2001… sacrément osés - , eh bien il semble que l’obsession hygiéniste y surpasse la libido. En fait, c’est de la pédagogie. Tenga, l’entreprise de sex-toys qui commercialise la Love-Box aide juste à s’apprivoiser mutuellement; ça fait partie des préliminaires. En cela, les Japonais se révèlent sacrément pragmatiques.  Pas à pas, le truc t’apprend les techniques de rapprochement basiques. Le kit comprend cinq produits : une pierre de massage électronique ; deux gels hydratants (un sérum et une émulsion, au choix) ; un tapis de massage pour éviter de salir les draps de lit et... des compléments alimentaires pour le contrôle de l’odeur corporelle.

Chasser les miasmes…   On l’a souvent entendu : au nez des Japonais, les Occidentaux « ont une odeur ». Comprenez : une mauvaise odeur, pas une effluve de fleur de cerisier. Et de nous interroger, mi-honteux, mi-dubitatifs : est-ce qu’on transpire plus ? Est-ce qu’on se lave moins ? Le fait est que la question olfactive au Japon peut poser un sérieux problème : en 2016, on a ajouté par exemple le « harcèlement olfactif » à la liste des situations conflictuelles dans l’entreprise, au même titre que le « harcèlement alcoolique » (forcer un collègue à boire) ou que le harcèlement au karaoké (le forcer à chanter). Bref, au Japon, la « bulle intime » marque farouchement ses distances.

Pudeurs nipponnes : un retard à l’allumage sexuel ?

D’ailleurs, ils ont beau être prévenus quand ils débarquent, les bisous à la française continuent aujourd’hui de déstabiliser les Nippons. Non seulement les sièges à touche-touche les embarrassent, mais les simples élans tactiles, affectueux, amicaux semblent les affoler. Sans affoler leurs sens. Du coup, ils accusent un gros retard à l’allumage sexuel, si l’on peut se permettre. Dès lors, on ne s’étonne pas de l’étude Durex 2023 qui montrait un pays en queue de peloton pour les rapports sexuels (45 par an contre 164 pour les Grecs et 120 pour les Français). Chez les jeunes autour de 20 ans, ils sont 84 % à être célibataires, et sur ces 84 %, 50 % des garçons et 59 % des filles n’ont jamais eu de partenaires. L’heure est grave. Tenga, avec son kit, devient une entreprise de salut public.

Sadique Corée du Nord : et tu crois rallumer les libidos ?

Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un

Quant à la Corée du Nord, il y a de quoi se suicider. Imaginez les divorcés enfin libres, cueillis à la sortie du Tribunal et envoyés direct en camp de travail. Le régime parle de ré-éducation mais c’est juste une prison sadique destinée à punir. Il y a peu, c’étaient seulement les femmes qu’on enfermait. Les pauvres se séparaient de leur conjoint pour de bonnes raisons, en particulier des violences conjugales. Violence et disputes liées à la crise économique, covid, famine en 2020, etc. Aujourd’hui, la dictature ajoute la cruauté au vice. Et à l’ignorance crasse. Qu’est-ce qu’il s’imagine, le gros Kim-Jong-Un, 40 ans ? Qu’en dissuadant ses compatriotes de divorcer, il va les pousser à faire l’amour ? Alors qu’en refaisant leur vie, les « coupables » se donnent une chance de repeupler ce malheureux pays.

Seule conclusion à peine « réjouissante »: malgré les tentatives de terroriser, conditionner et dé-cerveler les citoyens, les Nord-Coréens ne se laissent pas (complètement) abrutir. Ils protestent par l’abstinence. Se laisser décliner. Disparaître… Une drôle de “petite mort”.

Catherine Schwaab