Il faut le voir pour le croire : sur les grands boulevards, au théâtre des Nouveautés (600 places), quatre fois par semaine à 19 h, on se presse pour venir découvrir le côté insupportable des Parisiens. Malpolis, maussades, colériques, hautains, arrogants, prétentieux, radins, désinvoltes, mauvais commerçants… bref, les clichés connus.

Mais quand un Parisien typique vous en brosse une parodie, il y a vraiment de quoi hurler de rire. Olivier Giraud a vécu six ans à Miami, en tant que maître d’hôtel dans un grand restaurant français. Alors il compare…

Olivier Giraud fait très bien le Parisien puant. Irrésistible.

On s’est améliorés … un peu

Bien sûr, depuis vingt ans, les Parisiens ont évolué. Ils parlent anglais, ont appris à dire bonjour, à sourire, et surtout, à ne plus se prendre pour le centre du monde. Quoique… en regardant fonctionner notre cher Président Macron, on se dit qu’il y a encore du boulot.

Mais si ce spectacle est aussi désopilant c’est justement parce qu’il dédramatise nos défauts ; lesquels ne sont pas encore tous de mauvais souvenirs.

Ce qui a - un peu - changé : dans une boutique aujourd’hui, les vendeurs, vendeuses ne vous toisent plus de bas en haut avec mépris; mais ils ne vous cachent pas que « avec votre physique, ça va pas être facile ». Au café, le serveur a cessé de dédaigner votre commande; mais le patron continue d’appliquer ses prix à la tête du client. Dans la queue du musée Beaubourg, les Parisiens ne resquillent plus, ils poireautent comme les autres mais en râlant bruyamment. Les taxis ne sont plus aussi racistes et rustres mais il faut prendre Bolt ou Uber si vous voulez monter à trois. Il arrive même que dans le métro, ces messieurs cèdent leur place, enfin, à condition de les fixer avec insistance. Quant à la bonne humeur des Parisiens, elle tient à un rien : un rayon de soleil, un congé qui approche, ou (surprise !) les J.O. « parce qu’il n’y avait personne dans Paris, à part des touristes. »

Ce qui ne change vraiment pas, c’est…. Les fringues, la drague et l’alcoolisme.

Non, à Paris, on ne s’habille pas en soirée comme dans « Emily in Paris ». Mais pas non plus en jogging comme à Venice Beach. En amour ? on n’approche pas une Parisienne comme on « négocie » une Anglaise, une Américaine ou une Italienne. Quant à la picole, eh bien oui, à part quelques vieux fêtards saturés qui ont décidé d’arrêter, c’est devenu l’antidépresseur automatique. On aimerait voir sur les terrasses des verres de bordeaux (les viticulteurs y sont si mal en point) mais c’est plutôt des « spritz » à migraine ou des bières de fauchés.

Néanmoins, quelle que soit la crise, à Paris, le goût des sorties ne tarit pas, c’est ce qui fait notre charme. Bon, on est de plus en plus nombreux à commencer tôt… Pour ne pas se coucher trop tard. Mais cet irrépressible besoin de sortir… Comme l’explique Olivier Giraud, vu qu’un Parisien préfèrera toujours vivre dans 15 mètres carrés plutôt qu’en banlieue ou en province, alors forcément, il sort plus. Pour respirer, voir du monde, critiquer, rouspéter, râler ensemble. Avec un indéfinissable sentiment de supériorité. Incorrigibles.

Catherine Schwaab

Pour la démonstration, Olivier Giraud (à dr.) fait monter son public sur scène, ici un Américain…