DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Sorties parisiennes, bons plans parisiens et autres, chroniques et réflexions sur la vie, la mort, les djeuns et la coiffure !

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Par Catherine Schwaab
27 juil. · 2 mn à lire
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Cérémonie d’ouverture : que des bons points… ou presque

Quelle créativité, quelle fantaisie, quelle imagination ! Et quelles surprises ! Même en essayant d’imaginer de folles mises en scènes, on était en deça du show ! Et la pluie a ajouté de la valeur aux prouesses.

Pourtant, il faut bien l’avouer, le matin même, les clignotants étaient au rouge : l’attaque contre le réseau SNCF jetait un froid d’inquiétude, un pressentiment négatif. Et si les saboteurs s’en prennent au spectacle ? Ensuite les prévisions météo : avec la pluie, on se disait qu’on aurait une cérémonie au rabais, avec des ballets annulés, forcément, comment veux-tu danser, arabesques, sauts, cabrioles, jetés, sur un sol détrempé et glissant ? 

 

Vive Snoop, Slimane, Casta mais… le triste Pharell

 Snoop Dog à St Denis

Laetitia Casta, plus souriante que Pharrel Williams

On avait eu un avant-goût des chorégraphies survoltées dans l’après-midi, à Saint Denis, sans pluie, avec Slimane et les formidables danseurs en blanc devant la basilique. Puis on a commencé à voir des stars : à côté de la radieuse Laetitia Casta, Pharell Williams portait la flamme…. avec une main dans la poche ! Il se prend pour qui ?! Je sais, c’est un musicien, créateur, producteur brillant, mais le styliste homme de LVMH aurait pu sourire et préparer une phrase intelligente. Passons. LVMH a été largement célébré, on a vu ses malles sur toutes les coutures pendant le show, c’est de bonne guerre, merci au plus gros sponsor. Heureusement, Snoop Dog, lui, a montré plus d’enthousiasme.

Même le Prince Albert, dans sa veste rouge de pizzaiolo, a eu les mots pour dire qu’il était content et impatient. A côté de lui, sa femme, toujours insipide, a daigné sourire. On a été rassurés sur la santé de Michel Drucker, toujours vif, plein de souvenirs, mais habillé en jogging moche (pour faire athlétique ?), il n’a pas oublié d’annoncer qu’il reprend son émission du dimanche à la rentrée. Une pierre dans le jardin de Delahousse qui se voyait bien prendre le relais…

Même les sportifs grossissent

Carl Lewis 63 ans a un peu grossi. Il est végétalien et a un fils.

Revoir ces anciens champions olympiques nous réconcilie avec la vie : eux aussi prennent de l’âge, des kilos. En découvrant le tour de taille du délicieux Carl Lewis, 63 ans, on peinait à se souvenir de sa silhouette musculeuse, effilée comme une lame… il y a 40 ans. L’homme, ouvert, intelligent, s’est bonifié.  

Bien sûr, il y a eu Céline…. Rivière de larmes. Le paroxysme. Sa maladie a affaibli la puissance de sa voix mais elle a gagné en émotion : l’Hymne à l’amour était le choix parfait. D’ailleurs les chansons avaient une touche rétro bienvenue, fédératrice, comme le  « Formi-formi-formidable » de Aya et « Mon truc en plume » de Lady Gaga ; l’Américaine qui a inauguré les festivités s’était imposé 2 mois de préparation. Elle fait trois fois la taille de Zizi Jeanmaire, mais comme elle a voulu apprendre le français, elle avait presque sa gouaille !  Perfectionnisme américain.

 

La revanche de Thomas Jolly

 

Perfectionnisme français ! Le metteur en scène Thomas Jolly, 42 ans, fait l’unanimité : bon manager, pas d’égo, et une souplesse qui fut mise à rude épreuve. Entre les exigences de technique, de sécurité, de caméras, de sponsoring, de stars… Ce natif de Rouen crée des mises en scène depuis qu’il a 5 ans ! Il a détesté l‘école ; au collège, on le harcelait, on le traitait de « pédale », il en avait la boule au ventre… « Le théâtre m’a sauvé » dit-il. Lui, ce 26 juillet, a sauvé la France. Son chef d’œuvre impose le pays comme le champion virtuose du rêve et de la fantaisie. 

L’Iran, le Niger…

Le défilé infini des bateaux avait toutes les raisons d’être fastidieux, eh bien, avec les insertions scénographiques qui rythmaient la soirée, on ne s’est pas ennuyé une seconde. Déjà le plaisir de voir en gros plan  les débordements enthousiastes des athlètes était touchant. Même l’Iran semblait joyeux. Pourtant, le nombre de ses athlètes diminue d’année en année car (à part la lutte) le régime réduit le budget des sportifs, et les pasdarans corrompus jusqu’à l’os en raflent la moitié. Conséquence : les pauvres athlètes iraniens s’entraînent, s’habillent et se nourrissent à leurs frais, tout seuls. Et espèrent sans doute, comme au temps de la Russie soviétique, trouver un stratagème pour ne pas rentrer au pays. On a aussi repéré le salut militaire austère du Niger, un an après le putsch : les seuls athlètes qui ne semblaient pas à la fête. Riches ou pauvres, tous les autres semblaient transportés. 

 

Des pays riches, des pays pauvres

On ne pouvait s’empêcher de noter les différences criantes de moyens que Thomas Jolly n’a pas cherché à gommer : un immense bateau de 128 athlètes pour la Suisse, un pays de 8 millions d’habitants, et seulement 11 athlètes pour le Vietnam, 100 millions d’habitants. Et je ne parle pas des Suédois, des Brésiliens, des Américains…  Un raccourci sociologique édifiant.

 

Et d’exubérants costumes

Le cancan revisité par le stylisme de Daphné Bürki

Enfin, au-delà des visions qui resteront éternellement dans les mémoires, impossible d’oublier l’émouvante Daphné Bürki : ses centaines de costumes réalisés pour les artistes et les danseurs ont donné le ton, pétillants, inventifs, drôles, surprenants, mais cohérents dans leur côté chamarré. Il a fallu 500 habilleurs-coiffeurs-maquilleurs pour préparer des artistes sensationnels qui ont vu couler leur rimmel mais jamais leur folle énergie. 

Décidément, quelles que soient les médailles d’or décrochées par la France, on a déjà gagné celle, inestimable, de la créativité. 

Catherine Schwaab