DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Sorties parisiennes, bons plans parisiens et autres, chroniques et réflexions sur la vie, la mort, les djeuns et la coiffure !

image_author_Catherine_Schwaab
Par Catherine Schwaab
21 août · 2 mn à lire
Partager cet article :

Cérémonies des JO : un esprit « sport » avec le Suisse Kevin Germanier

Les JO c’est fini mais… quid de l’esprit sportif ? L’effort, la modestie, l’honnêteté, le respect. Opposés à la paresse, à l’arrogance, à la mauvaise foi, et à la brutalité. On rêve ?

Germanier fut choisi par Daphné Bürki, ici dans l’un des 20 ateliers (100 artisans dans celui-ci !)

Un des derniers défilés de Kevin Germanier à Paris

Depuis les JO, il est aussi connu que John Galliano. J’exagère à peine. Kevin Germanier, 31 ans, est devenu le couturier vedette, auteur de quelque 120 costumes. Sauf qu’il n’a rien d’une star. C’est un Valaisan pur Suisse, un jeune homme issu des montagnes les plus belles du pays (du monde !), un créateur qui travaille en famille, avec sa mère comme tricoteuse en chef, et sa grand-mère comme supporter la plus ardente.  C’est lui qui a signé les costumes de la cérémonie de clôture : les circassiens masqués en combi immaculée plissée, et surtout le Golden Voyager (incarné par le danseur Arthur Cadre), typique de son style baroque chatoyant. 

Filmé par la TSR : le couturier parle à sa grand-mère aux Granges, (VS, Suisse) parmi ses autres tricoteuses; on fête sa récompense LVMH.

Sa spécialité, on le sait aujourd’hui : créer des collections exclusivement à partir de chutes de tissus des griffes LVMH qui centralise tous ses surplus dans un grand hangar intitulé NONA Source. On se doute qu’après sa prestation aux JO, LVMH doit lui offrir un pont d’or pour pérenniser sa marque qui n’a que 5 ans. En clair : lui créer une stratégie marketing offensive comme le groupe en a le secret, des points de vente dans le monde, une diversification, des égéries … Même s’il n’a pas eu besoin de LVMH pour séduire Taylor Swift, Björk ou Kristen Stewart. Se marier à LVMH, c’est plus que passer la 5ème, c’est changer d’univers. Comme l’ont fait Marine Serre et Jacquemus pour ne citer qu’eux. Il faut avoir les épaules…

 

Compétence valaisane et modestie helvète

 Le documentaire de la télévision suisse : Kevin Germanier avec maman

 Quand on voit le reportage tourné sur lui par la télé suisse, entre les villages de Granges, Ollons, Crans, on mesure la force tranquille, et le chemin déjà parcouru. Ses couturières, modélistes, chef d’atelier, petites mains, tricoteuses sont vraiment sa famille, ses voisines, des amies de sa famille, avec accent valaisan et modestie helvète. Lui aussi est un modeste ; mais déterminé, conscient de ses capacités, organisé, rigoureux, fiable, à la suisse ! Devenu très parisien aujourd’hui, il le dit lui-même quand on l’interroge : « De mes origines suisses, j’ai gardé une éthique, un côté bon élève, le respect de l’autre. » Tout ce que pas mal de Français, de politiques, devraient intégrer.

Imaginez les moments de stress paroxystiques qu’il a dû traverser pendant la préparation de ses costumes - il a aussi créé certaines pièces de la cérémonie d’ouverture, au côté de beaucoup de petites marques débutantes -, eh bien, il semble que la panique, les ratages ne l’aient pas fait sortir de sa bienséance. Par exemple, le « Golden Voyager » de la clôture a nécessité plein de retours sur le costume pour permettre au danseur Arthur Cadre de suivre la chorégraphie. Les 20'000 perles – sécurisées par 20'000 autres perles ! – sont le produit d’un premier ratage… up-cyclé. 

 

On ne reconnaît plus les Français !

 

Certes, on a mis les moyens pour assurer la réussite costumière de ces JO ; par exemple il y avait une (un) bénévole par mannequin pour tous les shows. Ca aide à rester zen. Mais avouons-le, le calme, la patience et le sourire ne sont pas d’emblée les qualités premières que l’on citerait pour qualifier les Français. Eh bien, finie, cette réputation !  A croire que tout le monde a suivi l’exemple de Kevin Germanier. Il y a eu tant de remerciements enthousiastes, tant d’effusions répétées envers cette « gentillesse » générale, ces « vibrations positives » que, on s’interroge : oui, la reconnaissance, la gratitude étaient mêlées de surprise. Pour ne pas dire de stupéfaction.

Aurait-on changé de logiciel ? Comme Germanier a recyclé les vieilles cassettes de films de son enfance en les tricotant en cape (sur le pianiste suspendu Alain Roche), la nouvelle génération serait-elle en train de planquer la mauvaise humeur de leurs parents au hangar Nona Source de l’Histoire ? La dureté du monde a rangé les divas au rayon démodé des années 80. Germanier, et avec lui la douzaine de jeunes designers sollicités par Daphné Bürki imposent un nouvel esprit qui se rapproche du monde du sport. Une sorte de dynamisme positif, sans états d’âme, un élan constructif qui s’engage collectivement dans la même direction. Je me répète mais… si les politiques pouvaient s’en inspirer…  

Catherine Schwaab