Quand on doit vendre, on peut se réjouir de voir une célébrité s’afficher avec sa marque de prêt à porter. Mais ça dépend de la célébrité. Quand les politiques se mêlent de mode, l’affaire est à double tranchant
Les vêtements sont un langage, la gestuelle aussi, les regards… Et quand une caméra est braquée sur vous, elle fait loupe. Rien n’échappe au spectateur. On s’en rend compte à chaque débat, chaque investiture. Impossible de ne pas se laisser influencer par une impression qui se dégage d’emblée d’une allure. Sans vouloir assombrir la journée, il faut se souvenir de la cruauté des propos sur le style Hollande ou Trierweiler, comparés par exemple au « swag » de l’inégalable Barak Obama. Cette aisance corporelle, ce sens du vêtement, cette élégance sans affectation… Il se serait habillé Carrefour qu’il aurait eu l’air d’un top model. Alors que Melania, ex-mannequin, avait la ligne, la prestance, oui, mais raide, sans charme, en Chanel, Hermès ou Gucci, on la sentait juste concentrée sur sa posture. Est-ce la raison pour laquelle Marc Jacobs, Tom Ford, Derek Lam, Philip Lim et Sophie Theallet avaient refusé de l’habiller pour l’investiture de son mari en 2017 ? Tom Ford avait prétendu que non pas du tout ! « C’est juste que mes vêtements sont trop chers pour représenter toute l’Amérique. » Ce qui ne l’avait pas empêché d’habiller Hillary…Ses démentis n’ont trompé personne.
Les Trump et les Obama ou les antipodes du style
Et Trump scella la fin de l’élégance
Ces gens de pouvoir sont censés avoir des conseillers en style qui connaissent la portée d’un ressenti inconscient. Pas sûr qu’ils les écoutent. En Amérique, c’est Trump qui a scellé la fin de l’élégance avec ses vestes trop larges, ses cravates trop longues, ses pantalons trop courts tirés sous son gros ventre. Et je ne parle pas de ses cheveux peroxydés. Il vous répondra que l’Américain moyen ne se soucie pas de mode et que lui, il s’habille comme ses électeurs. C’est vrai que sur son golf à 100 millions à Mar A Lago, en t-shirt mal coupé, il ressemble à n’importe quel plouc américain. ``
Ralph Lauren bien embêté
Un plouc for President. Est-il préférable à un octogénaire un peu à l’Ouest ? L’un et l’autre s’habillent chez Ralph Lauren pour les grandes occasions, leur investiture par exemple. Et chez Ralph Lauren, évidemment, on est consterné. Même si Biden, avec sa minceur, porte plus beau que Trump, ça met un coup de vieux à la marque. Laquelle soutient financièrement les deux partis, mais dix fois plus pour les Démocrates. Dans la première moitié de 2024, la maison aurait versé 12’000 dollars aux Démocrates, et 1500 dollars aux Républicains. Il faut dire que ce fleuron typique de l’Amérique prospère et conventionnelle est une valeur refuge pour tous les candidats - et aussi leurs épouses. Mais là, ça devient embarrassant.
Des athlètes américains griffés Ralph Lauren
Le blazer-cravate porté sur le jean, une trouvaille de Ralph
C’est la raison pour laquelle Ralph Lauren a mis le paquet pour habiller les athlètes américains des JO de Paris. Des blazers marine à bordure rouge et blanc comme le drapeau, des pantalons blancs, bleus, des pulls blanc, bleus, rouges, des t-shirts, des jeans, des blousons, des foulards, des casquettes, des soquettes, des sacoches… Les Américains auront la plus vaste garde-robe de tous les JO. Il faut bien ça pour contre-balancer l’image catastrophique des deux candidats à la présidence.
Paule Ka et l’effet Segolène
Ca n’est pas la première marque qui souffre de ses égéries involontaires. Souvenons-nous de Paule Ka et Ségolène Royal en 2007 : l’emblème de la « bravitude » s’était entichée de cette marque créée par Serge Cajfinger qui figure, pour résumer, une petite femme française piquante et chic. Au début, ils se sont réjouis : les ventes ont augmenté. Mais au bout d’un an, ils déchantaient : Ségolène avait beau être une jolie femme ravissante dans ces petites robes et vestes graphiques , elle drainait sur elle tant de hargne que l’effet Paule Ka devenait repoussoir.
On a murmuré que dans son besoin permanent de rajeunir la clientèle, Chanel n’était pas non plus emballé par Christine Lagarde au début des années 2000. On se demande si Louis Vuitton qui habille Brigitte Macron, endure aujourd’hui « l’effet Macron »…
Le « petit » tailleur parisien de Macron
Macron, lui, porte des chemises Dior mais - prudent - son tailleur n’est pas connu, ça simplifie les choses. C’est David Teboul, de Jonas et Cie, une entreprise familiale rue d’Aboukir à Paris. La rue d’Aboukir se situait tout près de la rédaction du Figaro (qui a déménagé depuis) donc les très bourgeois collaborateurs du journal venaient faire retoucher leurs costumes chez lui ; ils amenaient leurs amis politiques, puis les Teboul sont devenus tailleurs sur mesure, ils ont habillé le jeune Emmanuel quand il était ministre de l’économie. Et l’homme leur est resté fidèle, voilà. Du coup, il y a fort à parier que ses Ministres aient apporté leur clientèle à ce brave Teboul qui totalise pas plus de cinq ou six employés
Au Rn, question style, c’est le désert de Gobi
Quid du Rassemblement National ?C’est un cliché de pointer le côté popu de Marine LePen. Elle arrive de loin. Silhouette, coiffure, tailleurs… Elle a mis des années à maigrir, se coiffer et s’habiller. Mais, indécrottable, - ou est-ce volontaire ? - elle reste sans style, sans féminité, sans chic. Et pourtant, rappelons-le, elle a des origines bourgeoises. Mais elle dégage, comment dire, une indéracinable vulgarité.
Il y a un an, la patronne et son poulain.
Bardella, lui, ne mange pas de ce pain-là. On le sent, il veut faire respectable. Il veut en imposer. D’où le récent costume trois pièces. Lequel, mal coupé, mal endossé sur une carrure body-buildée, lui donne l’air d’un bodyguard endimanché. Sa muscu, il l’a travaillée, il paraît qu’il était beaucoup plus assidu à sa salle de gym qu’à ses missions au Parlement européen. On l’appelait « Bard-est-pas là ». Pour un arriviste comme lui, l’image vaut tous les sacrifices. Fringues, coiffure, chaussures… Ken aime travailler la question. Va-t-il lui aussi se trouver un tailleur, un coiffeur, un conseil en style ? As du mimétisme, de qui va-t-il s‘inspirer ? Au RN, les modèles ne se bousculent pas au portillon. Bardella ne va pas vouloir « faire peuple », lui. Alors qui copier pour « entrer dans son personnage » ? Et surtout, qui pour enrichir son cerveau ?