DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Sorties parisiennes, bons plans parisiens et autres, chroniques et réflexions sur la vie, la mort, les djeuns et la coiffure !

image_author_Catherine_Schwaab
Par Catherine Schwaab
11 avr. · 2 mn à lire
Partager cet article :

Leonard Lasry Ses chansons sont des baumes nostalgiques

Il n’y a pas que Beyoncé dans la vie.  A Paris, ce compositeur-auteur-interprète s’impose en douceur dans tous les domaines, musique, cinéma, mode…  par la grâce de ses compositions délicieusement romantiques. C’est si rafraichissant.

Ses musiques vous emportent et ne vous lâchent plus. Les paroles de ses chansons expriment tant d’émotions et de non-dits qu’elles vous bouleversent au plus profond. Leonard Lasry est un sorcier de l’intime. Il a des antennes, des attirances, son intuition ne le trompe jamais. Il a réussi à faire chanter Charlotte Rampling la Mystérieuse sur un album complet et magnifique, « De l’amour, mais quelle drôle d’idée ».

 L'album de 10 chansons pour Charlotte Rampling signées Leonard Lasry (musiques) et Elisa Point (textes)L'album de 10 chansons pour Charlotte Rampling signées Leonard Lasry (musiques) et Elisa Point (textes)

 Puis il a convaincu Fanny Ardant qui voulait, qui n’aurait jamais osé, qui rêvait d’une voix à la Nina Simone, qui lui répétait que « je ne serai jamais à la hauteur »… Elle chante-parle en duo avec lui, sensuelle et magnétique, sur son dernier album à lui, « Le grand danger de se plaire ». Un titre qui dit tout de la subtile contradiction de Leonard Lasry. Ses musiques ont l’apparence des standards éternels qui s’impriment immédiatement mais ils sont le fruit d’une alchimie que lui-même ne sait pas décrire. Ils se marient aux textes raffinés de la secrète Elisa Point, un génie de la poésie qui pourrait recueillir la gloire mais refuse toute promo. Qui a refusé d’écrire pour Calogero, pour Obispo parce que tout simplement ils ne l’inspirent pas, elle leur a préféré Christophe. C’est sans doute grâce à Elisa Point, à ses mots si évocateurs, son sens du tempo littéraire que Leonard a pu creuser sa personnalité de compositeur. « Elle aime que je compose immédiatement sur ses paroles, sans attendre. »

 

Le morceau avec Fanny Ardant dans l'album...Le morceau avec Fanny Ardant dans l'album...

... "Le grand danger de se plaire", des chansons superbes... "Le grand danger de se plaire", des chansons superbes

Pour l’album de Charlotte Rampling, ce fut « une opération commando ». Aussi motivés l’un que l’autre, Leonard et Elisa ont ensemble accouché des morceaux en une nuit, se répondant presque strophe après strophe. Un état de grâce. La star a tout aimé, embrassé ; elle a des préférences artistiques affirmées, pointues (elle peint, elle a été mariée 20 ans avec Jean-Michel Jarre). Léonard : « Elle sent les choses. Très précise, elle sait où placer sa voix… » Le résultat : une voix mythique sur des histoires d’amours et de tristesse, et une orchestration superbe.

 Un concert élégant, romantique, so fiftie’s

L’autre soir à la Nouvelle Eve à Paris, ce cabaret-bonbonnière fiftie’s, Leonard Lasry a donné un concert entouré d’une violoncelle, d’un guitariste et d’un batteur, lui au piano, et sa voix enveloppante. Durant une heure et demie, l’assistance était sous le charme, comme portée par des réminiscences enfouies. Les mélodies panachaient subtilement des sons à la Françoise Hardy et Etienne Daho, s’il faut trouver une parenté.  

  

Le concert qui lançait l'album...Le concert qui lançait l'album...

... dans le très joli décor années cinquante de La Nouvelle Eve... dans le très joli décor années cinquante de La Nouvelle Eve

Léonard est né au début des années 80 « J’ai toujours adoré les sixties, confie-t-il, les musiques, les vêtements, la déco, les couleurs. Mais contrairement à mon frère qui carburait au rap, moi je n’aimais que le classique, La Flûte enchantée ! D’ailleurs ma grand-mère autrichienne m’appelait mon petit Mozart ! »  Il s’est mis au piano dès l’enfance, et sait, depuis l’adolescence, qu’il veut composer des musiques. Un gamin précoce : « A 10 ans, j’enregistrais des thèmes musicaux, je faisais des maquettes... » C’est un auto-didacte qui explorait tout seul les possibilités musicales, à tel point qu’aujourd’hui, iconoclaste, il montre au pianiste qui recopie ses accords ! D’où une magie inattendue. Pendant longtemps, c’est auprès de sa mère, fine auditrice, qu’il testait ses compositions. Sans formation particulière, elle a une oreille très sûre.

Lui a affiné ses intuitions. Et élargi son réseau… qui est impressionnant.  

 

Un artiste… avec un talent marketing ! Très fort !

 

La mode a repéré ses musiques. D’abord Jason Wu pour Hugo Boss puis le tandem Picciotti – Chiuri chez Valentino, puis Maria Grazia Chiuri chez Dior pendant sept ans… Comme une traînée de poudre, comme un amour contagieux…

 Il a tourné le dos aux « chanteuses à voix » des années 80. Il préfère composer pour le Suédois Jay Jay Johanson, il a créé son label, produit et réédité des disques de Frédéric Botton, le prochain sort le 8 juin. « J’ai toujours un projet en route » se réjouit-il. On ne peut pas mieux dire ! Toujours au four ou au moulin. Au piano ou à son ordinateur. Quand il ne compose pas, il pilote la stratégie marketing des lunettes Thierry Lasry, son frère. Oui, il a fait une école de commerce, une école de journalisme. Madonna s’est entichée de ces grosses montures colorées, elle a acheté toute la gamme ! Puis dans son sillage Kate Moss, Lady Gaga, Alicia Key, Dita von Teese…

Les lunettes de Madonna ...Les lunettes de Madonna ...

...de Dita ? C'est son frère, Thierry Lasry !...de Dita ? C'est son frère, Thierry Lasry !

« Je ne cours pas après les contrats », insiste-t-il prudent. Il aime les destins, les vies cabossées. « Tu te souviens de Zouzou ? » Egérie des sixties, « la twisteuse », le swinging London, « L’amour l’après midi » d’Eric Rohmer, les drogues dures… Une légende qui l’a échappée belle. Voilà ce qu’il aime, Leonard, des personnalités qui déchirent, lui qui semble n’être que douceur, langueur, observation silencieuse. Mais qui sait ?  

Le premier duo, Via Condotti, qui a déclenché l'album entier de Charlotte RamplingLe premier duo, Via Condotti, qui a déclenché l'album entier de Charlotte Rampling

Catherine Schwaab 


Voici 2 liens :


"Le grand danger de se plaire"

https://youtu.be/RPkyS0hAZFw?si=nWrLt3XtqR2uG9mH


"Pas la même mémoire"

https://youtu.be/A4cPxhqXp5E?si=y29AbbB5uN8LUHx0