DANS L'OEIL DE CATHERINE SCHWAAB

Sorties parisiennes, bons plans parisiens et autres, chroniques et réflexions sur la vie, la mort, les djeuns et la coiffure !

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Par Catherine Schwaab
14 avr. · 2 mn à lire
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"Merci d'avoir tué mes fils et mes petits-enfants" Ismail Hanyieh

Mais de quel bois est fait ce chef du Hamas qui vient de perdre ceux qui lui étaient le plus chers ?  

« Je remercie Dieu pour la mort de mes trois fils.” C’est un père qui vient d’apprendre la mort brutale de ses trois fils et de quatre de ses petits-enfants. Et sa première parole, c’est de dire : « Merci à Dieu pour l’honneur que nous fait le martyre de mes trois fils et de certains de mes petits-enfants. » Pardon ?!

Evidemment qu’il n’en pense pas une miette. Bien sûr qu’intérieurement il est détruit. Tous les journalistes se sont étonnés de son « self-control ». De son indifférence ?  A 61 ans, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, a appris à cacher ses bouleversements intimes. Là, il bat tous les records de détachement. Des images qu’on a vues, pas un muscle de son visage ne trahit  l’émotion. Ok, il a 13 enfants. Il lui en reste encore. Mais tout de même… A cause de la guerre du 7 octobre 2023, quatorze membres de sa famille ont déjà été tués dans une frappe israélienne dont son frère et un de ses neveux. Puis, en novembre 2023, c'est sa petite-fille qui est tuée, et un mois plus tard, un autre de ses petits-fils. Et là, il perd trois fils d’un coup avec leurs enfants, et il ne bronche pas. Mais de quel bois est-il fait ? Réponse : du bois islamiste.

Les Iraniens fournissent la réponse

 

J’ai posé la question à des Iraniens qui connaissent hélas bien ce genre de profil. Réponse unanime : « L’islam intégriste te rend décérébré. Il court-circuite tes capacités critiques et émotionnelles. Par conséquent, tout ce qui t’arrive, même les pires drames, Dieu l’a voulu. Et tu le remercies. » Donc si tes enfants meurent lors du djihad, cette « guerre sainte » pour propager l’islam a tout prix, eh bien, ils vont direct au paradis, et ils pavent ta voie pour le paradis. Conclusion : « Tout repose entre les mains de Dieu. A condition que ta vie soit dédiée à l’hégémonie de l’islamisme ». Et de citer tels fils, fille d’ayatollah pas d’accord avec la ligne dure du régime iranien, et qui se retrouvent battus, emprisonnés sans états d’âme, avec la bénédiction du paternel.

Anesthésie affective, comme dans une secte

 Mais comment, psychiquement, une telle anesthésie affective est-elle possible ? Il y a un angle mort. Un trou noir dans la compréhension du cerveau humain. Je me souviens de plusieurs enquêtes sur la scientologie où j’interviewais ceux qui en sont sortis. Des femmes, des hommes intelligents, anciens cadres vifs et brillants, soudain lucides sur la sournoise manipulation dont ils firent l’objet. « L’entrée » s’est faite lors d’un moment de fragilité, un deuil, une rupture, une incertitude professionnelle. Ensuite, ce fut comme une prise de pouvoir intérieure, d’abord soft, puis de plus en plus sévère au point de dépouiller la personnalité de son libre-arbitre. Plus d’amis, plus de famille, plus d’autonomie intellectuelle ni économique. Plus le « gibier » est jeune, et plus c’est facile. C’est ainsi que l’on fabrique des djihaddistes, ces post-ados qui se font sauter avec leur ceinture d’explosifs. A noter qu’aucun Iranien jusqu’à présent n’est jamais devenu djihaddiste. Pourquoi ? Parce que les Iraniens connaissent l’islamisme et ses grossières manipulations de l’intérieur, et au quotidien. En clair, on ne la leur fait pas. « Il n’y a pas moins musulman que la République islamique d’Iran », résument les Iraniens. Dommage pour le bon islam, culturel et bienveillant.

 

Allons-nous garder – ou perdre - notre humanité ?

Avec Ismail Hanyieh, on est loin de ce registre. Ce grand patron du terrorisme réfugié entre le Qatar et la Turquie n’a plus d’autre issue que le jusqu’au-boutisme, maintenant qu’il a perdu tout ce qui fait le bonheur de la vie. Abruti par la haine, il n’a plus ni Dieu, ni chagrin, ni amour. Au fond de lui, il doit avoir envie de crever.  

Sa famille venait rendre visite à ses proches, dans le camp de réfugiés de Chati à Gaza (où il a grandi), ils allaient fêter la fin du Ramadan en mangeant des gâteaux au miel… Au miel ?

Comment cette guerre va-t-elle transformer l’esprit humain ? Après ce cataclysme, nos cerveaux sauront-ils reconstruire la douceur et la fraternité ? Ou… allons-nous devenir de plus en plus secs, durs et impitoyables ? Allons-nous nous Hanyieh-iser ?  Ce qui arrive est un test pour notre sensibilité à tous.

Catherine Schwaab